100 ans après le 11 novembre 1918

Nombreux sont les pays qui commémorent aujourd’hui le centenaire de l’armistice du 11 novembre 1918, une date restée en mémoire pour la fin de la 1ère Guerre Mondiale. Peu célèbrent le 31 octobre 1918, date de l’Armistice entre Alliés et Empire Ottoman sur le front oriental.

Du 28 juillet 1914 à cette date du 11 novembre 1918, 42 millionsd’hommes pour la Triple Entente – France, Angleterre, Russie, qui abandonnerala lutte en raison de la révolution bolchévique, mais qui sera rejointe d’abordpar l’Italie et puis par les USA – et 25 millions pour la Triplice – Allemagne,Empire Austro-Hongrois et Empire Ottoman – se sont affrontés, 38 millions ont soit été tués, soit blessés ou disparus à jamais.

Au Liban, on reste très silencieux sur ces dates et sur ces chiffres quand d’autres pays les commémorent toujours en dépit de la disparition des témoins de cette période, rallumant notamment l’oriflamme sur la tombe du soldat inconnu en France, portant des coquelicots en Grande Bretagne pour rendre hommage aux victimes d’une guerre qui a été en fin de compte une guerre sale, comme on en connaitra souvent au XXème siècle jusqu’à aujourd’hui.

Le Liban avait été durement frappé par l’imposition d’un double blocus alimentaire à la fois maritime imposé par la Grande Bretagne et terrestre quant à lui imposé par les Turcs s’ajoutant à des catastrophes naturelles,des fléaux, des sauterelles. Ce blocus conduira un tiers à la moitié de la population de la montagne dans les tombes en raison de la famine ou de la maladie. 200 000 morts sur une population de 500 000 personnes.
Leur seul crime, être considéré comme faisant partie d’une 5èmecolonne, une population chrétienne, donc par nature autonomiste soutenu par l’ennemi,la France plus particulièrement, comme les arméniens – qui nous ont alors rejoint dans leur malheur – ou les autres victimes d’un véritable génocide.

Pour eux, aucune gerbe déposée…

Au Mont-Liban de la Moutassarifiah, succèdera l’idée d’un Grand Liban, englobant également la plaine du Akkar et de la Békaa, pouvant le rendre ainsi autosuffisant – au cas où de nouveaux malheurs frapperaient la population -.

C’est d’une certaine manière, à cette date, que le Liban, meurtri, entre enfin dans le XXème siècle avec ses bons côtés mais également ses défauts, même sans combats sur son sol.

C’est aussi cette date qui a fait entrer le Liban dans sa forme moderne, avec tout d’abord la formulation d’une notion de coexistence intercommunautaire. Aux 200 000 victimes de la faim de la Grande Guerre, essentiellement chrétiennes, on préfère commémorer 6 nationalistes pendus, chrétiens et musulmans, parce qu’unis dans une seule et même douleur. C’est ainsi qu’est né la notion nécessaire d’entente intercommunautaire au Liban.

Une amnésie, peut-être pour le meilleur, mais surtout pour le pire, puisque c’est ainsi que commence également, une de nos choses les plus caractéristiques, celle de l’oublie mémoriel comme celui des victimes de la Guerre Civile.
Durant la 1ère guerre mondiale, tout comme durant le conflit civil, nombreuses sont les familles qui avaient perdu un parent, un mari, une épouse, un enfant.

Alors ne les oublions pas et souvenons-nous également en ce jour de toutes les victimes de notre Histoire contemporaine.

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