2 poids et une seule mesure raisonnable

Décidément, le réflexe du repli au Liban a bien cours, avec la diffusion d’une vidéo sur les réseaux sociaux, montrant des accompagnateurs du député Ziad Aswad du Courant Patriotique Libre s’en prendre à un jeune homme originaire de Tripoli, en présentant qu’il n’a rien à faire dans le Kesrouan.

Ziad Aswad, dans ses déclarations suite au premier incident d’antélias, souhaitait non pas calmer les choses, mais montrer aux manifestants qui étaient présent contre lui et contre qui il avait appelé des sympathisants à venir se bagarrer, qu’ils devaient « connaitre leurs limites » alors que déjà une personne avait dû être soignée par la Croix Rouge Libanaise.

Faut-il que c’est justement ce type d’incidents qui avait amené à une quasi-situation insurrectionnelle, un 17 octobre 2019, quand les gardes du corps du ministre de l’éducation d’alors Akram Chéhayeb s’en étaient pris à quelques manifestants au centre-ville de Beyrouth.
Cet incident aurait pu dégénérer et aboutir à un nouveau 17 octobre.

La cause est avant tout évidente, celle d’un profond malaise d’une population face au risque de 50% d’entre elle, vivre en 2020 sous le seuil de pauvreté. Imaginez-vous vivre avec moins de 6 dollars par jour. Les gens sont lassés d’avoir vu des milliardaires libanais affréter des avions pour des mariages au Maroc ou ailleurs, d’avoir vu dépenser des sommes folles, à hauteur de millions de dollars, pour des folies d’un soir au Liban même, de voir parader des véhicules de luxes dans ils n’ont pas eux-même le moyen d’utiliser des transports en commun pour se rendre au travail, quand il y a du travail. Les hommes politiques ainsi que d’autres fonctionnaires paraissent manquer d’empathie envers une immense majorité d’une population fatiguée par la crise.

C’est vite également oublier l’incident de Qabr Chamoun quand 2 personnes ont été tuées, 2 gardes du corps du Ministre d’alors en charge du dossier des réfugiés syriens, Saleh Gharib, au passage d’une voiture dans laquelle des sympathisants du Parti Socialiste Progressistes de Walid Joumblatt pensaient y trouver le dirigeant même du Courant Patriotique libre Gébran Bassil. Ils souhaitaient ainsi lui interdire la libre circulation dans le Chouf, voire même peut-être l’assassiner, avec les conséquences que cela aurait pu avoir sur la stabilité libanaise. L’affaire s’était conclue dans une atmosphère générale de réconciliation temporaire.

Ce ne sont cependant pas les personnes qui comptent mais des valeurs et des principes.

Tout comme Gébran Bassil pour le Chouf ou un simple citoyen qu’il soit tripolitain pour Jounieh ou d’ailleurs, tout libanais est libre d’aller partout au Liban.

Soyons clair, tout citoyen libanais est égal en droit, qu’il soit Président, Ministre, Député, qui sont, faut-il le rappeler, des serviteurs du peuple et dont la légitimité dépend du peuple et l’individu. La violence malheureusement appelle à la violence. Ce n’est pas cette société basée sur des frontières internes à laquelle nous aspirons, c’est à un état de droit où nul ne peut se prévaloir d’une qualité plus qu’une autre et nos responsables politiques doivent devenir exemplaires et montrer l’exemple aux autres qu’ils soient politiquement impliqués ou non et non faire appel à des hommes de main en dehors du cadre légal de l’état. Le droit de manifester est un droit aussi fondamental que la liberté d’opinion et de circulation qui semble être pourtant chère au CPL en raison de sa lutte historique contre l’occupation syrienne.

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  1. 1
    umberto

    Cette vidéo traduite démontre grâce aux média la façade actuelle médiévale et moyenâgeuse du Liban. Ces circonscriptions semblent être gouvernées par des roitelets qui instaurent dans leurs « royaumes » leurs lois et leurs exigences.
    Merci Médias et bonne chance Liban avec cette qualité de représentant et députés.
    Heureusement que ce Monsieur de Tripoli s’en est sorti vivant…

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