Beyrouthine

Beyrouth, Beyrouthine
Beyrouth, Beyrouthine

On s’est rencontré un soir dans un Bar. Elle, seule, cheveux noirs, belle, sensuelle, yeux de jais. Moi à l’opposé. On s’est échangé un regard, on s’est souri, on s’est rapproché, on s’est parlé, un peu comme une partie de poker, ne sachant pas quelles cartes vraiment jouer.

Elle boit du champagne, moi un mojitos acidulé. On se dévoile l’un à l’autre.

Chaque mot est lourd et léger. On s’observe, on s’épie. On se demande qui est la proie, qui sera le gibier … On se complait, peut-être même qu’on se plait.

Dehors, averse et orage, le temps semble se jouer de nous, il veut prolonger ces préliminaires. Le temps s’arrête, on ne compte plus les minutes qui s’égrainent, les heures qui trépassent. On ne se sent qu’en une seule âme, magnétisés l’un à l’autre, destinés à se retrouver.

Elle me fui d’un coup, veut partir, peut-être elle a peur, je l’a rattrape d’un bras, elle décide à rester, elle est indécise. On décide tout de même de poursuivre cette soirée.

Un ange passe, un vendeur de rose à la sauvette, je lui offre tout un bouquet, elle n’en a pas besoin, ses lèvres sentent déjà la rose.

On quitte, on se décide à se laisser flâner dans cette ville, elle m’invite chez elle, elle la belle orientale. Je décide de rester, de découvrir quelques secrets. Elle me dévoile ses lumières, ses ombres. Ses formes sont des sculptures, elle a quelques cicatrices. Peut-être elle a été violentée par le passé.

Elle est libertine, on ne peut la dompter, elle nous enchaine par son charme intemporel. Elle a son visage qui prend le reflet des souffrances et des joies. Amant, je les partages sans me soucier.

De partout et de nul part, elle m’a attrapé, je suis attaché. Victime consentante, je suis Ulysse, elle est ma sirène.

Je ne pensais que passer, Beyrouth m’a capturé.

(Texte dédicacé à Marie Josée)