Les alternatives qui se posent à nous face au contrôle des capitaux

Face à la dégradation des conditions économiques et aux restrictions imposées par les banques quant à leur libre-circulation avec des mesures de contrôle des capitaux, nombreux sont ceux qui essayent de trouver des placements alternatifs, avec plus ou moins de bonheur.

On voit ainsi défiler des articles sur des achats de biens immobiliers, ou encore de bijoux et de montres de luxe, pour tenter de se prémunir contre une possible dévaluation, d’une décote (haircut) ou de défaillances de banques.

Soyons clair, aucune de ces idées n’est au final une bonne idée puisque chacune d’entre elle comporte des désavantages majeurs.

Ainsi, la valeur d’un bijoux perd 30% en moyenne directement après son achat, cela en est de même pour une montre, son seul intérêt étant qu’il est transportable.
Par contre, le prix d’achat de pièces en or sont des prix internationaux, ce bien est transportable et peut-être facilement vendu à l’étranger. Il suffit de vérifier les prix du jour, qui sont disponibles par une simple recherche sur votre moteur de recherche préféré.

L’immobilier, la fausse bonne idée

Pour des sommes importantes, certains estiment aujourd’hui que le placement de ces sommes en bien immobilier est intéressant. Soyons clair, les prix de l’immobilier restent surévalués en dépit de la crise qui touche ce secteur depuis 2013 en l’absence de demande. Ainsi, 23% des unités construites depuis 1996 à Beyrouth restent aujourd’hui vides. Il n’y a pas eu de grands correctifs en terme de prix pour corriger cette anomalie l’essentiel des stocks disponibles depuis même si on assisté à quelques faillites d’entreprises du secteur au cours des 2 dernières années, certaines ayant été retentissantes.

Face à une demande « artificielle » aujourd’hui puisqu’il s’agit d’une demande spéculative liée à la peur de voir les dépôts en dollars être transformés en dépôts en livre puis la livre libanaise être dévaluée, certains se ruent sur les terrains, les villas, les immeubles ou les appartements. Cependant, la demande réelle, elle, reste réduite. Il est donc normal, pour l’heure, que les prix aillent à une hausse, jusqu’à ce qu’un équilibre soit atteint entre pourcentage de hausse et pourcentage attendu de la dévaluation.
Toute la difficulté pour les acheteurs est de procéder aux achats avant que ce seuil ne soit franchi et pour les vendeurs au final qui auront à se prémunir d’une possible dévaluation, à ne pas vendre avant pour espérer tout de même procéder à des gains financiers. C’est ce qui explique le mécanisme actuel de hausse des prix et cette hausse est pour l’heure momentanée et non liée à une amélioration des conditions intrinsèques du marché.

Cependant, j’estime ce scénario pour l’heure quelque peu improbable: le Liban a besoin de rassurer les investisseurs étrangers alors qu’il est devenu tributaire d’une aide économique pour nourrir sa population et relancer son économie et une transformation des dépôts dollars en livres libanaises constituerait un très mauvais signal pour ces derniers. Ils pourraient donc réfléchir à plusieurs reprises et finalement décider de ne pas investir au Liban. Par conséquent, il serait peut-être encore moins risqué de maintenir ses dépôts en dollars que de les voir être investis en biens immobiliers ou encore pour les propriétaires de biens immobilier, il serait préférable de les vendre aujourd’hui pour bénéficier de cette hausse momentanée des prix.

Autre facteur, grandes détentrices de biens immobiliers, les banques, confrontées à une augmentation du capital décidée par la Banque du Liban (BDL) pourraient également décider de brader en masse les biens immobiliers qu’elles possèdent afin d’y procéder, ce qui pourrait provoquer une chute importante des prix actuels, puisqu’elles avaient réussi à maintenir jusqu’à présent ces prix de leurs côtés, ce qui pourrait également désavantager les acheteurs actuels. Certaines éprouvent en effet de grandes difficultés à procéder à l’augmentation du capital de 20% d’ici juin, augmentation en 2 tranches de 10% dont la première devait intervenir fin décembre. Certaines n’ont toujours pas pu l’effectuer.

Nous sommes donc sur plusieurs inconnues qu’il est difficile à appréhender et tout dépendra également de la durée pour que le marché récupère…