Perspectives négatives pour les banques libanaises selon Fitch

À peine quelques jours après que l’agence de notation Moody’s ait dégradé les notes des bons du trésor libanais à Caa1, soit dans la catégorie des obligations pourries, c’est au tour de Fitch de mettre en garde certains établissements bancaires libanais mis sous surveillance « négative ».

Cette annonce intervient en dépit de l’achat par le Qatar de 500 millions de dollars d’obligations libanaises, achat qui a permis de détendre quelque peu les taux d’intérêts. L’Arabie Saoudite pourrait également annoncer l’achat prochain de bons du trésor.

Seraient concernées les Banques Audi – première banque du Liban – et Byblos – 3ème banque locale -, qui se maintiennent toutefois avec un note B- pour leurs obligations à long terme. Fitch indique cependant que les perspectives seraient désormais négatives, amenant à une possible dégradation de ces notations à plus ou moins moyen terme.

B- représente, dans l’échelle de Fitch, une note généralement attribuée à des fonds très spéculatifs, donc risqués.

Fitch indique avoir pris cette décision en raison de la dégradation des capacités financières de l’état libanais actuellement en grande partie financée par les banques privées et la BDL.

Ainsi, il s’agirait des premières conséquences pratiques suite à la dégradation de la note des obligations libanaises à Caa1, obligations dont les taux d’intérêts ont augmenté à 10.5% en début de cette année, contre 7.5% en moyenne l’année dernière.

L’exposition des banques privées par rapport à un possible défaut de paiement de l’état libanais est très important et fait craindre des conséquences quasi sismiques sur l’ensemble du système financier du Pays des Cèdres. Pour rappel, l’endettement public atteint désormais plus de 150% du PIB. Le Liban est par conséquent le 3ème pays le plus endetté au Monde par habitant.

En pratique, une dégradation de ces notes attribuées par les agences de notations induisent une augmentation des taux d’intérêts et donc une dégradation de leurs capacités financières.

Fitch indique que cette décision a été motivée par « l’exposition substantielle des banques à la dette souveraine et à la Banque du Liban – la Banque Centrale du Liban – et à un environnement opérationnel difficile.(…) Cette exposition est inévitable en raison du manque d’opportunités de prêt sur le marché intérieur et de la faible croissance économique. »

Plus spécifiquement, Fitch reste optimiste pour les Banques Libanaises.

La Banque Audi est ainsi décrite positivement, avec une part de marché d’un peu plus de 10% des actifs, une diversification internationale, un bilan liquide, une base de dépôts solide et un exécutif compétent. Fitch note également la croissance importante effectuée à l’étranger et notamment en Turquie et en Égypte.

Cependant, le Liban reste le principal théâtre d’opération de la Banque Audi, avec 69% de ses actives et 47% de ses prêts au pays des cèdres pour le 3ème semestre de 2018.
L’établissement bancaire est très largement impacté en possédant 45% de ses capitaux déposés auprès de la BDL, l’exposant de manière importante à la dégradation des notes des bons du trésor libanais.

Fitch décrit dans des termes identiques la Banque Byblos, qui détiendrait une part de marché de 10%. La Banque Byblos serait très largement impactée en possédant 60% de ses capitaux déposés auprès de la BDL, l’exposant de manière importante à la dégradation des notes des bons du trésor libanais.

Fitch estime également que les autorités financières libanaises pourraient intervenir pour soutenir les 2 établissements bancaires en cas de crise en raison de conséquences sismiques sur l’ensemble de l’économie libanaise – chacune d’entre elle représentant quasiment 10% de parts de marché en terme d’actifs-. Cependant cette capacité d’aide de l’état serait limité « compte tenu de la faible note de l’État« , toujours selon ce même communiqué.

Fitch Ratings Ltd. est une agence de notation financière internationale.