Liban/Législatives: La composition du Parlement 2018

Après la fin des élections législatives et la publication des résultats final de ce scrutin, quelques enseignements sont à noter au niveau fonctionnement du nouveau Parlement pour comprendre ce qui va advenir de la situation au Liban.

Voir également la liste complète des nouveaux députés:
Liban/Législatives: La liste complète de nos nouveaux députés
Les députés actuels semblent être représentatifs de leurs circonscriptions d’origine en raison de la loi électorale et de son principe de vote préférentiel sur un plan du district propre.

Une loi électorale imparfaite mais plus juste que les précédentes

Ainsi, certains députés ont été éliminés parce qu’ils recueillaient généralement les voix d’autres circonscriptions lors des précédentes élections, c’est notamment le cas de Boutros Harb, député de Batroun et qui bénéficiait en 2005 et 2009 principalement des voix des autres circonscriptions du Nord pour éliminer ses adversaires et de Michel Pharaon, député de la première circonscription de Beyrouth et qui se faisait élire par des électeurs de la deuxième circonscription. Ce dernier sera remplacé par Nicolas Sehnaoui.

La coalition au pouvoir renforcée

La coalition au pouvoir formée par le CPL, Amal, le Courant du Futur et le Hezbollah et leurs partis alliés regroupe 75% des voix de la prochaine chambre comme l’indique la composition de la chambre. Cet état de fait devrait amener à faciliter la formation du prochain gouvernement alors que le Premier Ministre Saad Hariri semble avoir obtenu le soutien du CPL et du mouvement Amal allié du Hezbollah. Le Président de la Chambre Nabih Berry devrait être également reconduit dans ses fonctions.
La composition du Prochain Parlement Libanais suite au scrutin législatif du 6 mai 2018
La composition du Prochain Parlement Libanais suite au scrutin législatif du 6 mai 2018
Le CPL devient le premier parti politique libanais, avec 21 députés qui lui sont directement affiliés et de nombreux députés apparentés. Il pourra donc constituer un bloc de poids au Parlement. À ses 21 députés, s’ajouteraient 9 autres parlementaires potentiels.
Il est suivi par  le Courant du Futur avec 18 députés qui compte toutefois de nombreux députés affiliés puis le Mouvement Amal avec 16 députés.
4ème force politique, les Forces Libanaises comptent 14 députés membres auquel 1 député qui lui sont affiliés qui l’aideront à probablement jouer la principale force d’opposition. Ce parti a même réussi l’exploit de passer devant le Hezbollah qui obtient 12 députés.

Nom du PartiNombre de députés
CPL21
Futur18
Amal16
FL14
Hezbollah12
PSP8
Indépendant – Apparenté 8 mars8
Indépendant – Mouvement Azm5
Indépendant- Apparenté-CPL4
PSNS3
Marada3
Société Civile2
Indépendant – Apparenté 14 mars2
Tachnaq-apparenté CPL2
Indépendant2
Kataëb2
Rassemblement démocratique-Apparenté PSP1
Indépendant – Apparenté Hezbollah1
Ashbach1
Indépendant-Apparenté FL1
Parti du Dialogue National1
Indépendant-Apparenté Futur1
On pouvait penser à croire que les personnalités que choisiraient les votants seraient plus locales également, sans appartenance à des partis. Bien que le Courant du Futur ait perdu un tiers de ses parlementaires, d’autres partis comme le CPL se maintiennent et même augmentent leur couverture géographique avec une présence notable dans la Békaa ou dans la circonscription de Jezzine-Saida.
Cependant, le point intéressant est l’augmentation du nombre de parlementaires des Forces Libanaises qui ont réussi à percer – tout comme le CPL en dehors de leurs zones traditionnelles – notamment au niveau de la circonscription de Baalbeck Hermel et les résultats exécrables du Parti Kataëb qui ne réussi au final à n’imposer que 2 députés dans son fief du Metn. 
Côté représentativité chrétienne, le CPL et les partis affiliés représentent un peu moins de 50% des députés, suivi par les Forces Libanaises qui obtiennent 20,97% des députés
Nom du PartiPourcentage de députés
CPL32,26%
FL20,97%
Indépendant – Apparenté 8 mars6,45%
Indépendant- Apparenté-CPL6,45%
Marada4,84%
Indépendant – Apparenté 14 mars3,23%
Kataëb3,23%
Société Civile3,23%
Futur3,23%
Indépendant – Mouvement Azm3,23%
PSNS3,23%
Tachnaq-apparenté CPL3,23%
Rassemblement démocratique-Apparenté PSP1,61%
PSP1,61%
Amal1,61%
Indépendant-Apparenté FL1,61%
Côté sunnite, le Courant du Futur domine toujours la scène politique en dépit d’une baisse du nombre de ses députés.
PartisPourcentage de députés
Futur61,54%
Indépendant – Apparenté 8 mars11,54%
Indépendant – Mouvement Azm7,69%
Parti du Dialogue National3,85%
Ashbach3,85%
PSP3,85%
Indépendant3,85%
Indépendant-Apparenté Futur3,85%
Côté Chiite, le Hezbollah et Amal restent sans contestation les principaux partis. Ils représentent plus de 90% des députés.
PartiPourcentage de députés
Amal50,00%
Hezbollah40,00%
Indépendant3,33%
Indépendant – Apparenté Hezbollah3,33%
PSNS

3,33%

Un fort taux d’abstention de plus de 50%

Le taux de participation à moins de 50% à ces élections parlementaires a été le plus bas historique depuis 2005. Ce fort taux risque de provoquer des problèmes quant à la représentativité de la future chambre alors que devront être approuver de nombreux projets de réformes socio-économiques indispensables pour le Liban.

Lire à ce sujet:
CEDRE: Une analyse détaillée du plan d’aide au Liban par François Bacha

Au menu du calendrier du Parlement, notamment les différents projets d’aides de la conférence CEDRE et leur financement.

De multiples raisons expliquent ce manque d’intérêt:

  • Une loi électorale dont le fonctionnement est sujet à certaines critiques comme le fait de devoir choisir des candidats sur une seule liste puis de choisir une personnalité préférentielle. Pour beaucoup, il s’agissait plus d’un choix par défaut qu’un choix par conviction au final. Pour preuve, certains députés se sont paradoxalement retrouvés sur des listes opposées aux valeurs qu’elles sont sensées représentées. C’est notamment le cas de Boutros Harb qui se retrouvait sur une liste appuyée par le Parti Populaire Syrien. Cela peut également expliquer son échec.
  • D’autre part, une grande partie de la population a été poussée à l’exil en raison des problèmes sociaux et économiques qu’a connu le Liban ces dernières années. Pour rappel, le taux de chômage atteindrait 46% de la population active libanaise.
  • Également un désintérêt de la chose politique pour une grande partie de la population fatiguée de ses représentants actuels et qui estime que de toute façon, rien ne changera. Pour ces derniers, le système politique est cloisonné par les partis actuels. Cela est notamment à l’origine de l’échec relatif des candidats de la société civile qui n’ont recueilli qu’une seule candidate, Paula Yacoubian, comme député dans la première circonscription de Beyrouth. Cette vision des choses est notamment expliqué par le résultat des élections municipales de 2016 alors que les candidats de la société civile ont gagné dans la première circonscription de la capitale, en raison du nombre plus important d’électeurs dans la deuxième circonscription et du mode de scrutin majoritaire, aucun de ses représentants n’a pu figurer au sein du conseil municipal de la ville.
    Ce désintérêt frappe plus particulièrement les jeunes électeurs qui représentaient 1/3 des votants lors de ces élections.

Maintenant que la période électorale est derrière nous, au lieu de faire la fête et tirer des feux d’artifices, espérons que les nouveaux parlementaires se retireront les manches pour travailler et œuvrer pour le bien du Liban

1Comment

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  1. 1
    Koa art

    Ne pas voter pour les réformes économiques à venir, implique un code implicite de déontologie aux futurs politiciens.
    Le moins ils auront une représentativité reconnue par les votants, le plus il y aura un équilibrage de la société civile quant aux devenirs probables du budget de l’Etat.
    Car il incombe le nouveau Parlement de proposer des lois nationales, et, face à l’ambivalence de leurs lois au nom de la patrie, il en valait d’une nécessité de la non représentativité des lois claniques, afin d’apaiser la nation après le succès du Parlement.

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