Live Love Lebanon ou l'art au coin de la Rue

"Ceci n'est pas un déchet, c'est une oeuvre d'art!", au cas ou, comme de nombreuses personnes, nous ne l'aurions pas compris. 
« Ceci n’est pas un déchet, c’est une oeuvre d’art! », au cas où, comme de nombreuses personnes, nous ne l’aurions pas compris.

Dans un souci permanent d’améliorer les conditions socio-économiques et éducatives au Liban, le ministère de l’Intérieur, à l’initiative de Sukleen, a annoncé le lancement d’un nouveau programme qui vise à initier la population à l’Art. Ainsi, une oeuvre collaborative sera installée à chaque coin de rue, dans chaque quartier, allant de la capitale jusqu’à la petite localité. Chaque habitant, libanais ou étranger, et Dieu seul sait aujourd’hui combien ils sont nombreux, est invité à apporter sa pierre quotidienne à l’édifice culturel en question dont l’exposition sera plus ou moins permanente. Le concept du projet actuel est motivé par la dénonciation d’une société de consommation en passant par la référence à la conservation muséale et au conservatisme de l’art jusqu’à l’affirmation du nihilisme où la finitude de la condition humaine et la vanité se substituent. Ouf, on l’aura tous compris.

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A l’image de ce qui se fait dans les plus grandes capitales mondiales, comme à Berlin par exemple lors des biennales d’Art Moderne, l’Art est dans la Rue, Beyrouth garde ainsi son rang de capitale régionale de la Culture, osant même ce que les autres capitales arabes comme Dubaï n’osent faire. Les oeuvres exposées visent à dénoncer le consumérisme de notre société actuelle, prenant l’exemple des plus grands artistes du XX et XXIème siècle, dont César et ses compressions, du photographe Alejandro Duran, des œuvres de Daniel Spoerri, ou encore de l’icône Pop Art de la contre-culture américaine, l’inoubliable Andy Warhol, afin de relancer le débat sur l’acceptation de la société de consommation – que nous subissons en fin de compte sans nous en rendre généralement compte – ou de sa dénonciation.

La population reprend ainsi les objets de la société pour en faire des reliques, des symboles puissants de la consommation. Le projet artistique est un véritable épistémè, c’est à dire une recherche quasi-sociologique des limites et des seuils de l’acceptation de nos compatriotes face à ce qu’on considère généralement inacceptable ailleurs. Et Dieu seul sait combien nous sommes généralement tolérants face aux excès.

Le Liban trouve ainsi un rang de pays d’avant-garde, en se sacrifiant pour les autres, à l’heure ou des questions existentielles se posent, pollutions et changements climatiques, ainsi que d’autres défis liés à la consommation. « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. »: le projet se poursuivra d’ailleurs dans une prochaine étape, l’Art du Recyclage ou comment les personnalités liées pourront poursuivre leurs oeuvres avant-gardistes en testant à nouveau les limites de la tolérance de la population à l’occasion de prochains projets qui restent à définir.

François el Bacha