Padre Dario Escobar

Padre Dario Escobar avec Marie Josée Rizkallah et Francois el Bacha. © Francois el Bacha. Tous droits réservés.
Padre Dario Escobar avec Marie Josée Rizkallah et Francois el Bacha. Leica M6, Summicron 50 mm, Kodak Portrat 400 NV. © Francois el Bacha. Tous droits réservés.

Il existe un lieu un peu spécial au Liban et plus exactement dans le lieu dit de la vallée sainte de Qadisha. Il s’agit d’un viel ermitage ou réside le Padre Dario Escobar et je vous rassure tout de suite, il n’a rien à voir avec un fameux baron de la drogue, même s’il partage avec lui, non seulement son nom de famille mais également la nationalité colombienne.

Padre Dario, âgé aujourd’hui de 77 ans, est un homme singulier qui a choisi le Liban, après une vie dont il a connu les excès de la richesse – son père étant un riche industriel de Medellin- et qui se destinait à la vie de psychologue spécialisé en  conseil marital.

Répondant à l’appel de Dieu et devenu prêtre, demeurant à Miami aux USA et attiré par le concept d’ermite et de pauvreté extrême pour renforcer sa Foi – chose impossible en Amérique du Nord ou du Sud- c’est à dire à la recherche spirituelle par la prière et l’isolement, situation quelque peu paradoxale à la vue du nombre de visiteurs et de randonneurs -, il a donc choisi le pays des cèdres sur les conseils avisés d’un prêtre maronite de passage chez lui, prenant à l’occasion l’habit des moines de la Congrégation de l’Ordre des moines Maronites.

Choisissant la vie austère d’un monastère, avant-abandonné, qu’il a entrepris fort courageusement de restaurer, situé dans la vallée Sainte de Kadisha et dépourvu de tout confort et des moyens modernes de communication, il reçoit malgré tout avec un large sourire qui fend sa longue barbe blanche et grise ainsi que ses rides qui semblent elles-aussi se réjouir, tous les couples de passage, leur souhaitant presque les marier sur l’heure. C’est pour vous dire. Il s’agit peut-être là, d’un vestige de sa précédente carrière.

La rencontre avec Padre Dario s’est déroulée en octobre 2007, comment l’oublier. Nous étions avec un groupe de randonneurs, descendant du village de Hawka à partir d’un escalier escarpé et assez pentu. On ne peut prétendre le contraire. Cependant, bien armé par un certain courage, nombreux sont les villageois et les jeunes amoureux qui viennent ici quérir conseils et prières.

Il était dans sa petite chapelle par laquelle on accède via un petit escalier, lieu de prière qui est en réalité une grotte transformé. Méditant, plongé dans un recueil, son visage illuminé par une seule bougie, il rayonnait dans la pénombre des lieux. Le temps n’avait plus prise sur lui, plongé dans un monde qu’il nous est difficile d’appréhender. Son attitude, la grâce qui l’entourait, nous enveloppait dans un halo de spiritualité, difficile à décrire, fait de douceur, intemporel, nous échappions au temps qui s’écoulait. Nous étions dans un autre Monde, nous étions loin de tout tracas quotidien, dans un Monde de Bonheur, de richesse spirituelle. C’est alors que son recueillement s’est achevé, il nous a enjoint de sortir avec lui, sur la petite terrasse située à l’entrée de son monastère, entament une discussion simple avec nous mais au combien riche, avec comme seul témoin, le paysage de cette vallée qui a vu défiler les vies de tant de Saintes et de Saints, reclus parfois ici avec comme seuls crimes à la vue des autorités et des différents occupants du Liban, celui d’être croyants, et donc martyrs de la Foi.

« L’argent ne rend pas heureux », c’est ce petit adage qu’il nous démontre chaque jour, vivant des maigres ressources que lui procure un petit lopin de terre qu’il entretient de lui-même, situé à flanc même du monastère et avec pour seul menu, oignons, haricots et pommes de terre, généreusement accordés selon les saisons à cet Homme aujourd’hui heureux. Cultivant la Terre, l’Homme est également cultivé, Père Dario parle ainsi couramment diverses langues étrangères, certaines – dont des dialectes indiens – sont moins connus. C’est donc un Homme riche dans sa pauvreté, ayant choisi de se retirer d’un Monde, ayant pour compagnons réguliers, ses livres et son austère couchette.

C’est avec un grand regret que nous avons dû le quitter, poursuivant notre route à travers cette Vallée Sainte, sur le petit sentier entaillé par « pas dits-de la Vierge Marie » – il s’agit en fait de sortes de marches encastrées dans une falaise abrupte – , entourés et hantés par les légendes de Sainte Marina, rejoignant les profondes gorges de la Vallée au fond de laquelle s’écoulait une rivière. Père Dario est un Homme inoubliable, laissant une empreinte spirituelle indéniable. Je garde sur moi une Petite Médaille Miraculeuse qu’il m’a donné, répondant ainsi à celle au cou de Marie-Josée, médaille qui, jour après jour, me rappelle son bon souvenir.

Padre Dario Escobar avec Marie Josée Rizkallah et Francois el Bacha. © Francois el Bacha. Tous droits réservés.
Padre Dario Escobar avec Marie Josée Rizkallah et Francois el Bacha. Leica M6, Summicron 50 mm, Kodak Portrat 400 NV. © Francois el Bacha. Tous droits réservés.

5Comments

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  1. 1
    ishtar

    Tiens tiens :p en bon grec catholique, il écrit un billet sur un moine maronite :p
    (je ne pouvais pas m’empêcher de sortir cette vanne :p)

    Mais blague à part, cette rencontre était quand même extrêmement touchante …

  2. 4
    Sophia

    Merci François et Marie-José de nous donner ces impressions du Liban. J’ai visité père Dario en 2005 avec ma famille, inoublibale rencontre!

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