Shooooooooooooglenifty

Reel Festival, Shooglenifty @ Music Hall, Beyrouth, Liban. 15/05/2005. © Francois el Bacha. Tous droits réservés
Reel Festival, Shooglenifty @ Music Hall, Beyrouth, Liban. 15/05/2005. © Francois el Bacha. Tous droits réservés

Shooglenifty dans l’antre des Nuits folles Beyrouthines, le bien connu et renommé Music Hall. Il s’agissait de conclure de manière grandiose le fameux Reel Festival qui s’est déplacé pour l’occasion au Liban et qui devait également se produire en Syrie, chose perdue en raison des évènements actuels.

Nous disposions de 4 places, mises à disposition par le Music Hall, Marie Josée et moi avons donc profité de l’occasion pour inviter ma mère et une chère amie, Marie Chantale, j’étais donc entouré de Marie aux noms plus ou moins composés. Arrivant une heure en avance, nous avons pris les places que nous désirions, le Music Hall ayant conservé sa disposition « Boite de Nuit », à l’exception de quelques chaises disposées de coté et d’une piste de danse aménagée en devant de la scène.

Le spectacle vu par elle, l’extase.

Fusion de ballades irlandaises traditionnelles, de gigues endiablées, avec des notes de Pop et Folk à volonté et des touches de musique country. Ainsi peut-on expliquer le phénomène qu’est Shooglenifty, un sextet talentueux conjuguant les énergies exaltées de la tradition écossaise à la vivacité des accords modernes afin de générer une musique insolite aux accents celtiques dont le but ultime est une invitation perpétuelle à la danse et à la bonne humeur.

Reel Festival, Shooglenifty @ Music Hall, Beyrouth, Liban. 15/05/2005. © Francois el Bacha. Tous droits réservés
Reel Festival, Shooglenifty @ Music Hall, Beyrouth, Liban. 15/05/2005. © Francois el Bacha. Tous droits réservés

Il n’a pas fallu un long moment pour que Angus Grant au violon, un grand brun à la crinière indomptable et à la barbe bien touffue, Malcolm Crosbie à la guitare électrique, Garry Finlayson au banjo, James Mackintosh à la batterie, Luke Plumb au banjo ténor, et Quee MacArthur à la basse, charment le public et réussissent à l’entrainer dans un voyage initiatique au cœur du monde celtique.

Reel Festival, Shooglenifty @ Music Hall, Beyrouth, Liban. 15/05/2005. © Francois el Bacha. Tous droits réservés
Reel Festival, Shooglenifty @ Music Hall, Beyrouth, Liban. 15/05/2005. © Francois el Bacha. Tous droits réservés

Impossible de ne pas réagir à leur prestation exceptionnelle : jeunes et moins jeunes envahirent la scène et se lancèrent dans une gigue frénétique, alors que ceux qui ont préféré garder leurs places, n’ont pu s’empêcher de taper du pied durant tout le spectacle, emportés sur les ailes de l’émotion suscitée par une musique festive et des musiciens qui ont de l’énergie à revendre.

Reel Festival, Shooglenifty @ Music Hall, Beyrouth, Liban. 15/05/2005. © Francois el Bacha. Tous droits réservés
Reel Festival, Shooglenifty @ Music Hall, Beyrouth, Liban. 15/05/2005. © Francois el Bacha. Tous droits réservés

Deux artistes arabes ont rejoint le groupe écossais, l’espace d’une mélodie. Le violoniste Grant a introduit le Libanais Omar, au Nay, et l’Irakien Bachir, au Oud, affirmant que cette union des instruments et des musiciens est un signe pour la promotion de la paix dans le monde, prouvant une fois de plus que la musique est un trait d’union entre les peuples, faisant fi des appartenances et des frontières.

 

Reel Festival, Shooglenifty @ Music Hall, Beyrouth, Liban. 15/05/2005. © Francois el Bacha. Tous droits réservés
Reel Festival, Shooglenifty @ Music Hall, Beyrouth, Liban. 15/05/2005. © Francois el Bacha. Tous droits réservés

 

La salle fut, l’espace d’une soirée, coupée de l’arène des tiraillements régionaux, et transportée quelque part aux confins des univers écossais et celtiques, parmi les fées gaéliques et les espaces verts fantastiques. En fin de compte, si les spectacles de qualité alternant ambiances éclectiques et performances sensationnelles au pays des cèdres devaient être associés à une adresse, d’instinct, ce serait le Music Hall.

La première partie vue par lui, il était aux premières loges d’un tout autre spectacle:

Ce n’était pas sans compter, avant même le début du show, des habituelles manières de « libanismes » en mal de reconnaissance, cinquantaine attardée, caricature du « montagnard arriviste tout juste descendu de la montagne et qui se croit sortir de la cuisse de Jupiter, arrivant en retard et désirant sans plus de considération nous déménager de nos places.

Leur discussion était réellement surréaliste, peut-être pensaient-ils que nous étions étrangers et donc qu’on ne les comprenait pas. « Tu connais le directoooor Eleftériadès, vas lui parler« , disait l’un d’entre eux, ne sachant pas qu’il s’agissait en fait du propriétaire de ces lieux, comme si les spectateurs payants disposaient de moins de droit, ignorant sans nul doute que nous étions, nous aussi, invités. Je me suis abstenu de leur répondre, ils sont revenus bien bredouilles, comme dit l’expression, la queue entre les cuisses.

Bref, ayant choisi tout de même de s’installer à coté de nous, j’ai compris qu’il s’agissait d’un groupe de médecins du « Mont Liban » – ils laissent décidément n’importe qui faire médecine maintenant, il n’y a plus la classe des Ernest Hélou et autres Chémali qui tenaient les hôpitaux beyrouthins avant la guerre civile, avec des manières discrètes et une classe devenue légende aujourd’hui – , crânant en fumant « des cigares « Roméo White Churchill » qui font « 0.54 mm au lieu de 0,52 mm » – il fallait bien qu’ils l’expliquent en s’exprimant à haute voix, pardon en s’égosillant à haute voix pour que toutes et tous comprennent qu »‘ils sont les plus belles et les plus beaux », on ne nous en a pas épargné, cigares dont ils n’hésitaient pas à envoyer toutes les effluves nauséabondes, essayaient-ils – dans un ultime effort – de nous enfumer? Bon connaisseur de cigare, je peux vous assurer cependant qu’il ne s’agissait en réalité que d’un modeste Robusto, à moins qu’il ne s’agisse de Montecristo « White » et non d’un Roméo e Julieta, et donc non pas cubain mais d’un erzats dominicain, sans trop de saveur, il lui manque certains parfums subtils que seul un véritable Havana possède.

Ce spectacle valait tout de même son pesant d’or, avec les perles du « M’as tu veux » et de la radinerie: estimant qu’étant « invités », ils ne devaient pas payer la facture d’un pure malt Blue Label qui a dû s’accommoder fort malgré lui de glaçons, le comble pour les connaisseurs et épicuriens qu’ils prétendaient être… Pourtant, ils étaient les premiers – à peine une heure après le début – à partir une fois justement que toute la salle a bien remarqué leur lourde présence – discrètement je vous en prie les autres devaient penser qu’ils appréciaient toujours le spectacle, l’excuse était toute trouvée, voyons un modeste falafel « pour terminer en beauté la soirée« , expression qu’ils ont eux-même usés, ces messieurs et ses dadames avaient faim, cela ne se fait pas attendre -.

Reel Festival, Shooglenifty @ Music Hall, Beyrouth, Liban. 15/05/2005. © Francois el Bacha. Tous droits réservés
Reel Festival, Shooglenifty @ Music Hall, Beyrouth, Liban. 15/05/2005. © Francois el Bacha. Tous droits réservés

Bref, le spectacle commence, les libanais découvrent Shoognenifty, qui est un peu dans la mouvement de la World Music, mêlant guitares et violons dans un accent un peu celtique. Certains auraient pu paraitre étonnés, ils s’attendaient à de la cornemuse. On n’en était pas moins subjugué par l’élan et le dynamisme du violoniste Angus Grant, qui ira jusqu’à rompre une corde de son instrument. Timides, de jeunes spectateurs ont néanmoins répondu à son appel à venir DANSER devant la scène, à l’exemple d’un monsieur un peu moins jeune mais enthousiaste. Certains – écossais – nous faisaient une démonstration des danses traditionnelles écossaises, buste dressé, jeux de jambes, un peu à l’image des danses traditionnelles irlandaises, cela n’était pas sans rappeler « Lord of the Dance » qui s’est produit au début de la décennie 2000 à Baalbeck. Enfin donc le plaisant a commencé, Marie Josée vous en a bien parlé.

Reel Festival, Shooglenifty @ Music Hall, Beyrouth, Liban. 15/05/2005. © Francois el Bacha. Tous droits réservés
Reel Festival, Shooglenifty @ Music Hall, Beyrouth, Liban. 15/05/2005. © Francois el Bacha. Tous droits réservés